jeudi 3 janvier 2013

Urbanisation de la vitesse - 1ère partie -


« Toute masse urbaine vit forcément d’un équilibre à maintenir entre ce qu’elle reçoit (ou ce qu’elle prend) et ce qu’elle donne (ou restitue). L’équilibre est toujours à renouveler, la balance jamais calme. Et la façon dont une ville s’appuie sur le dehors et se modifie au-dedans pour se souder à l’extérieur et le dominer ; cette façon n’est jamais simple, le secret en est, d’ordinaire à décrypter »
Fernand Braudel, L’identité de la France, Paris, Arthaud-Flammarion, 1986 (p.167)

L’article suivant propose de dresser dans un premier temps un bilan synthétique de l’évolution de la conception urbaine depuis le début du  XIXème siècle (en s’appuyant notamment sur l’exemple parisien). Il ne s’agira pas de présenter une série de cartes montrant les différents projets urbains, mais d’étudier la manière dont l’échelle de conception urbaine s’est considérablement agrandie en l’espace d’un siècle. Si ce phénomène est aujourd’hui bien connu, l’objectif est ici d’en dégager les raisons, et dans un second point, de le confronter de manière critique à sa traduction architectural (notamment en France).   

I.                    De la Rue à l’Archipel Mégalopolitain Mondial (AMM).

« La ville ancienne n’arrivait pas à s’étendre, les parisiens se déplaçaient à pied, et comme aucune ville ne va plus loin que ne vont ses habitants ; paris se limitait à cette échelle piétonne […] Quand une ville manque d’espace, quand ses rues sont étroites et quand ses habitants, de plus en plus nombreux, veulent tous vivre et travailler en son centre, son fonctionnement se bloque. C’est ce qui est arrivé à Paris au début du XIXème siècle. »
Extrait du film ; Paris :  Roman d’une ville ; de Stan Neumann d’après les travaux de François Loyer, 1991

Au début du XIXème siècle, Paris présente encore une structure urbaine hérité du moyen âge, c’est à dire des rues étroites, sombres et insalubres. Il faudra attendre les années 1860 avec l’annexion des villages extérieurs à l’enceinte de la ville1, pour que paris entame son processus d’agrandissement et bouleverse sa structure urbaine. Avec le travail des grandes percées du Baron Hausmann, la rue prend une place centrale dans les plans d’aménagement. On affirme la distinction entre le domaine privé de l’immeuble –qui appartient au propriétaire- et la façade qui appartient à la rue. C’est notamment par ce travail sur la façade comme décors, qui permettra à paris d’obtenir son unité et sa cohérence.
Mais au-delà des considérations esthétiques, hygiénistes et sécuritaires, le Baron Hausmann, en créant de larges avenues pour fluidifier le trafic équestre saturant alors paris, répondait de manière prémonitoire à ce qui sera une révolution majeure dans les villes du XXème siècle : l’arrivé de l’automobile.   Grâce à ce nouveau moyen de transports, des personnes habitants loin du centre peuvent venir travailler à Paris quotidiennement. Les frontières de paris commencent à éclater, et en 1934, Henri Prost est le premier à établir un schéma directeur pour la région îles de France.  En 1952, (pleine période de la démocratisation automobile) Jacques Bertin établi une carte où l’agglomération est projetée sur une surface courbe, permettant d’évoquer les lointains.

Plan de Paris, 1853, Baron Hausmann


Le grand Paris d'Henri Prost, 1934


Le grand Paris selon Jacques Bertin, 1952
l'agglomération est projetée sur une surface courbe permettant d'évoquer les lointains 
La mobilité devient en effet une des expressions les nettes des aspirations des modes de vie des individus, donc un facteur primordiale dans l’élaboration des plans d’urbanisme. Le phénomène semble à la fois cyclique et exponentiel ; car nous sommes aujourd’hui dans le cas de villes saturées par l’automobile, et la tentation est grande « de vouloir agrandir Paris de manière homothétique en renouvelant l’action d’Hausmann et d’englober une nouvelle couronne de communes limitrophes. 2»
C’est dans ce contexte qu’un nouveau projet de concertation sur le Grand Paris est lancé en 2007 par Nicolas Sarkozy.  Soucieux des attentes et des nouvelles préoccupations environnementale, la plupart des projets présentés par les équipes d’architectes concertés, font la part belle au réseau de transport en commun, reléguant la voiture à une place de second rôle. De ce faite, le territoire métropolitain s’en trouve considérablement augmenté, allant même jusqu’au Havre selon le schéma d’aménagement proposé par Antoine Grumbach.

Par ce très synthétique résumé de l’évolution urbaine de paris, nous souhaitons réfléchir sur l’influence des différents progrès technologiques, et leur rôle dans l’évolution de la construction urbaine. En effet, le paramètre clef semble être la vitesse. Nous sommes passés d’une ville à vitesse lente (piétons, calèche), à une ville rapide (voiture) pour aujourd’hui passer s’orienté vers une vitesse encore plus grande, celle du train. A chacune de ses évolutions, a correspondu une échelle d’urbanisation de plus en plus grande.  A ce point, que nous ne pensons plus la ville en tant qu’entité unique, mais en tant qu’archipel de villes (Eurodelta, Boshwash, PRD). Si Yona Friedman parlait déjà en 1960 d’un Continent-city Europe, en 1996, Olivier Dollfus va plus loin en parlant d’une Archipel Mégapolitain Mondial (AMM), terme ayant pour but de décrire l’organisation des plus grandes villes du monde en réseau, ayant d’avantages de relations entre elles alors que des milliers de kilomètres les séparent.  Ce réseau urbain   « formerait donc un archipel de villes reliées entre elles par des flux de toutes natures. On peut représenter cet archipel sous la forme d'un schéma dans lequel les contours des continents ont disparu et où seuls apparaissent les grandes métropoles du monde »3

Continent-city Europe de Yona Friedman, 1960

L'archipel Mégalopolitain Mondial (AMM), Olivier Dollfus,1996

Cette globalisation urbaine, est le produit issu de ces nouveaux moyens de communications qui ont considérablement accéléré les échanges, et de faite, réduit les distances.

«  A partir du XIXème siècle, la révolution du charbon, de la vapeur, du chemin de fer et de l’imprimerie accélère flux, vitesse et densité des échanges. L’environnement urbain devient très dense et deux nouvelles valeurs temporelles apparaissent : la minute et la seconde.
A présent, les échanges sont tellement rapides, le niveau de communication tellement dense ; qu’on doit organiser notre temps en plus petit segments : d’abord en heure à la fin du moyen âge, puis au début de l’ère moderne, en minutes et en secondes. Aujourd’hui, avec cette 3ème révolution industrielle (NTIC et Energie verte), on a créé de nouvelles valeurs temporelles : la nanoseconde et la picoseconde. Ces deux valeurs étant en dessous de notre seuil de perception, on organise désormais notre temps à la vitesse de la lumière. »
Jeremy Rivkin, extrait du reportage Paul Virilio : Penser la vitesse, réalisé par Stéphane Paoli

II.                  Echelle, vitesse et architecture.

La question de  savoir quels sont les traductions architecturales de cette urbanisation de la vitesse, sera traitée dans un prochain article.


1 _la loi du 16 juin 1859 prévoit, à la demande expresse de Napoléon III, que les "Faubourgs de Paris" situés entre l'ancienne enceinte (mur des fermiers généraux) et "l'enceinte de Thiers" (approximativement, les boulevards des maréchaux) soient annexés à Paris 
2_ Paris métropole, Formes et échelles du Grand-Paris, Philippe Panerai, Ed. de la Villette,  2008, (cit.p48)


mardi 11 décembre 2012

Le numérique dans la Prison


Illustration par Larskflem ; Flickr


En 1985, le garde des Sceaux, Robert Badinter, parvient à convaincre l’administration pénitentiaire pour faire rentrer la télévision dans les prisons. Le détenu français devient alors téléspectateur, accroché à ce média lui racontant le ‘’dehors’’. Si internet permet de briser les frontières, l’espace carcéral semble encore étanche à l’arrivé de ce nouveau média. Seulement avec internet, c’est une nouvelle révolution qui attend le monde carcéral.  Outil idéal d’ouverture et de réinsertion, internet est perçu par les détenus comme un formidable outil de projection vers l’avenir, rendant plus favorable les démarches de réinsertion. L’administration pénitentiaire est cependant encore frileuse à l’arrivé de média difficilement contrôlable. En effet, l’accès à internet par les détenus pourrait poser un certain nombre de problèmes comme l’autorisation ou non à participer à des forums ; l’accessibilité à des sites expliquant la fabrication d’armes artisanales. Sans oublier qu’internet est un vivier efficace pour la diffusion de propagandes extrémistes.  
Cependant, un certain nombre d’initiatives sont faites à ce sujet. En Belgique, les services informatiques de la direction générale des établissements pénitentiaires  sont en train concevoir un programme baptisé "Prison Cloud", qui permettra aux détenus de recevoir des informations générales sur la prison et d'accéder de manière réduite à internet. En France, Jean-Marie Delarue préconise une utilisation plus généralisé d’internet dans le milieu carcéral. 

‘’L'informatique est un outil qui va permettre de responsabiliser les détenus sur leur propre sortie. Elle permet d'amplifier les outils de réinsertion sans changer leur nature. Je n'ai aucun doute sur le résultat final, et d'autant moins que les instruments classiques de réinsertion aujourd'hui en prison sont en crise parce qu'il n'y a pas assez de soutien, il n'y a plus beaucoup de travailleurs sociaux en prison, et ils sont tous débordés. Au moment où ces instruments de réinsertion sont en crise, l'informatique devient plus que jamais nécessaire.
Quand Badinter a introduit la télévision dans les prisons, on a crié au scandale. C'est un peu le même type de réaction auquel on assiste aujourd'hui. Je suis attentif notamment à la réaction des professionnels qui travaillent dans des conditions difficiles, comme les surveillants. Il ne faut pas qu'ils s'inquiètent : l'informatique va au contraire être un élément de sécurité pour eux, puisqu'elle vadiminuer les tensions. Elle va ramener le calme, et pas seulement de façon passive, comme le voulait la télévision il y a 20 ans, mais de façon active.’’
_Jean-Marie Delarue, propos recueillis par Margherita Nasi (source: Le Monde) 



L’arrivée du numérique dans les prisons semble donc souhaitable voir nécessaire pour faire évoluer le système pénitentiaire. En effet, peut-être plus qu’ailleurs, le rapport entre l’emprisonnement et le numérique peut trouver son dessin dans l’architecture carcérale. Depuis les années 1980, un nouveau système de contrôle des déplacements a été mis en place grâce à l’informatique.

‘’ À la PEP sont vérifiés toute entrée et toute sortie de l’établissement. Le PCI contrôle l’accès à la zone en détention et assure le lien entre tous les postes de surveillance, ils contrôlent les déplacements dans les bâtiments d’hébergement et de promenade, actionnent à distance l’ouverture des portes d’entrées des bâtiments d’hébergement, de sortie dans les cours de promenades et actionnent à distance l’ouverture des portes et grilles relatives au bâtiment. Le PCC vérifie tous les mouvements dans la zone de détention et supervise tous les mouvements dans les galeries de liaison. ‘’ (fig01.)
_ Matthieu Morreau,PFE_02.07.10, Périphérie Prison 

On a donc assisté à un bouleversement dans l’organisation morphologique de la prison. Le système de Poupées Russes ayant remplacé le Panopticon de Bentham (fig02.)


(fig01.) Schéma de Matthieu Moreau, PFE_02.07.10, Périphérie Prison


(fig02.)
http://www.midilibre.fr/2012/11/27/balance-et-coups-de-couteau-en-prison,601295.php

‘’L’architecture pénitentiaire a toujours donné une certaine priorité à la sécurité. Mais si les systèmes de surveillances étaient avant tout liés à une architecture, un regard, c’est aujourd’hui la machine, la technologie, qui prend le relais et réglemente l’espace de l’incarcération. Le «panoptique » n’est plus architectural mais technologique. Une étude de l’association française de criminologie consacrée à certaines prisons des 13 000 montre que ces établissements, loins de rassurer, semblent générer un malaise chronique chez les détenus causé par le peu de contact direct entraînant « un repli identitaire défensif » et « un climat de violence ». Si dans les prisons cette technologie de surveillance devient la clef du fonctionnement de ces établissements, elle n’en reste pas moins tout aussi présente dans notre vie de tous les jours.’’(fig03.)

www.no-cctv.org.uk


Un vrai défi attend donc le système carcéral, entre concilier le système numérique comme moyen de contrôle et le numérique comme outils de réinsertion.


 crédit : SO/AP Architects.

Pour plus d'infos sur cet article :











lundi 3 décembre 2012

DEAD DROPS – Les nouvelles boite aux lettres numériques


http://www.orbific.com


 

Dead Drops, ou comment incruster une clé USB contenant quelques fichiers dans un mur, où la coller à une paroi, en espérant qu’un (e) inconnu (e) vienne s’y connecter, dans le seul but de donner une chance au hasard et de récupérer à son tour un fichier…C’est l’idée originale qu’a eu à l’automne dernier Aram Bartholl, un artiste berlinois alors en résidence à New York, depuis le concept s’est propagé. Connaissant un peu le milieux geek, nous ne pouvons imaginer les surprises que nous pourrons y retrouver. Certaines personnes voient ça également comme une alternative au peer to peer. Nous préferons y voir un réseau gratuit et anonyme entièrement offline.

« À une époque de dématérialisation massive des échanges sur la Toile et de multiplication de gadgets sans accès aux fichiers locaux (le cloud computing) , nous avons besoin de repenser la liberté des échanges de données au niveau local » 
Le manifeste dead drops d'Aram Bartholl

Ci dessous un lien pour apprendre à construire sa propre dead drops

http://deaddrops.com/fr/dead-drops-3/comment-faire-votre-dead-drop/


L'Université du désastre


Les nouvelles technologies numériques ont bouleversé la vitesse de l’information, modifiant ainsi notre vision du monde.
Nous sommes aujourd’hui,  comme le dit Paul Virilio, dans un monde de la totalité, c’est-à-dire une '' mondialisation des affectes en temps réel ''. L’émotion a pris le pas sur l’analyse. Hors il convient d’opposer à cette vitesse de l’information, une lenteur de l’analyse. C’est dans cette optique que Paul Virilio préconise la formation d’une ‘’université du désastre’’, chargée d’étudier cette nouvelle révolution industrielle formée par la combinaison du numérique et de l’environnementale. Il ne s’agit pas dans cette université de porter un regard catastrophique sur l’avenir, mais de comprendre comment le monde est en train de se former sans nous, être curieux de ce qui nous entoure et prendre le temps de l’analyse et de la réflexion.
Nous devons être les '' explorateurs du sens de notre époque ''.


Afin de mieux comprendre les enjeux politiques et métaphysiques de cette nouvelle révolution industrielle, nous vous conseillons  de
regarder le reportage suivant : '' Paul Virilio : Penser la vitesse '' réalisé par Stephane Paoli.



mercredi 28 novembre 2012

L'art et le numérique



« Dessiner à l’ordinateur revient à interroger au travers de multiples contraintes notre degré d’émancipation dans ce monde de machines redessiné par les algorithmes. Quels sont les modes d’accès aux signes et à l’écriture aujourd’hui dans le contexte artistique actuel ? Comment l’imagination graphique participe-t-elle à l’élaboration et la visualisation des processus de création ? Comment le paradoxe de la matérialité perdure-t-il avec la technologie et les programmes ? Que visualise l’information lorsqu’elle fait irruption dans le temps et la matière ?
Mais aujourd’hui, nous allons un peu changer notre angle d’attaque : nous allons nous demander comme le numérique travaille l’art. Comment le numérique en tant que support peut perturber les processus de création, de diffusion et de réception. Comment la possibilité pour presque tous de créer et de diffuser travaille en son cœur non seulement les formes artistiques, mais aussi une sensibilité d’époque. Comment c’est l’art qui est travaillé certes, mais aussi, tout simplement, l’idée du beau. »
_ extrait de Le plaisir du tracé : notes pour une hyper sensibilité programmatique  par Pierre Braun. 



Le travail du photographe Leo Caillard (ci-dessous) est particulièrement intéressant dans sa façon d’aborder les relations entre l’art et le numérique, entre le numérique et la muséographie. La France fait sur ce point encore objet de mauvaise élève comparé à l’Allemagne qui travaille activement à intégrer le numérique dans la scénographie de ses expositions. Il convient en effet de s’interroger et de repenser fondamentalement notre rapport à l’art dans la société d'aujourd'hui afin de proposer de nouvelles solutions pour le musée de demain.


Comment le numérique en tant que support peut perturber les processus de création, de diffusion et de réception?

« Mais de quoi parle-t-on au juste ? Derrière le terme « numérique », qui est une technologie de dématérialisation de l’image, du texte, du son ou de la vidéo, il faut surtout considérer ses applications : la messagerie électronique, le Web, les réseaux sociaux, les livres numériques, les aides à la visite.
Les chiffres mesurant la « pénétration » de ces applications par les musées sont en apparence flatteurs. En 2010, selon le Palmarès des musées du Journal des Arts, 42 % des musées disposaient d’un site Internet. Un taux qui augmente rapidement au fur et à mesure de la taille des lieux. Selon une enquête du Clic réalisée en janvier 2012 sur 150 lieux culturels importants, le taux monte à 81 %. Ils sont même 45 % parmi ces derniers à être présents sur les réseaux sociaux, Facebook ou autres. En apparence également, le nombre de « convertis » parmi le public ne cesse de gonfler. L’audience du Louvre.fr dépasse les 10 millions de visiteurs mensuels quand le nombre de fans Facebook du musée est de 440 000. Le Centre Pompidou attire 5 millions de visiteurs et 188 000 fans, le château de Versailles, 6 millions de visiteurs et 28 000 fans… »
_Extrait de Le numérique dans les musées, des intentions à la réalité, de Jean-Christophe Castelain , Publié dans le Journal des Arts, le 17 février 2012









série ''ART GAMES" de LEO CAILLARD


mardi 27 novembre 2012

Quel impact des NTIC sur la ville et l'architecture?


SO/AP- UNBUILT RESEARCH


Comme nous l'avons déjà évoqué lors d'un précèdent post les NTIC (ou DATA) ne sont pas des éléments immatérielles. Ce sont des éléments bien réels qui nécessitent infrastructures et énergie pour fonctionner. Dans le cadre d'un travail au sein de l'agence SO/AP nous nous sommes posé cette question:

Dans quelle mesure les DATA (ou NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication) peuvent-elles influer sur la forme physique des villes?

La ville numérique a le vent en poupe, et rares sont les municipalités qui ne tentent pas  de développer des actions visant à favoriser l'utilisation des NTIC. Un exemple des plus concrets est l’e-tourisme ; de plus en plus de villes développent des applications qui permettent de transformer votre téléphone en véritable guide de voyages (lieux, horaires d'ouverture, avis d'autre internautes, tarifs....).
Internet, les Smartphones que de plus en plus d'individus possèdent, s'ancrent dans nos us et coutumes. On peut observer qu'ils commencent aujourd'hui à interagir avec la ville. Cependant ce ne sont pas par ces applications que vont s'opérer les mutations de la forme urbaine. Avec ce type d'implantation de cette technologie, nous restons dépendant des réseaux routiers et  ferroviaires.

Il apparaît clairement que la montée en puissance des NTIC n'ont encore que très peu affecté la forme urbaine. Pour l'instant ils se présentent sous la forme de bases de données, de réseaux sociaux.

P.FUSERO pose la question suivante : "les réseaux numériques pourront-ils à l'avenir modifier la forme physique de la ville en assumant le rôle même qu'avait exercé jadis les infrastructures de transport ".

Nous pourrions répondre que tant que les réseaux numériques ne pourront transporter de biens matériels ils ne pourront remplacer les réseaux de transports, donc ne pourront pas engendrer le même bouleversement urbain. 
Cependant nous ne pouvons nous contenter d'une vision aussi simple. Comme toujours il y a des nuances ; les réseaux numériques ont la capacité de faire circuler des informations, et peut changer notre interaction avec la ville. C'est grâce à cette capacité qu'ils parviendront à modifier nos rapports aux réseaux de transports et par extension ils pourraient donc modifier la morphologie urbaine telle que nous la connaissons.

A l'heure actuelle nous pouvons effectuer la plupart de nos achat sur le web, on estime à plus de 80% des achats pour le loisir et 60% du reste des achats sont désormais effectués par Internet dans les pays d'Europe (Source: Fleishman Hillard). 

Le e-commerce, le m-commerce et le t-commerce (1)  sont des activités en pleine expansion . Ils pèsent aujourd'hui plus de 47 milliards d'euros en France et font chaque jour de nouvelles avancées. Plus de 77% des français achètent via un ordinateur, un téléphone ou une tablette.

Nous constatons également que de plus en plus de municipalités, banques, assureurs.... mettent en ligne leurs formulaires et applications, nous permettant de faire la quasi-totalité des formalités en ligne (Inscription, imposition, virement, etc.).

De plus, les nouvelles technologies sont en train d'estomper les frontières de l'entreprise. 
Des entreprises comme Renault ou AXA offrent à certains de leurs salariés la possibilité de travailler depuis leur domicile (Source Cadremploi.fr). Aujourd'hui les NTIC offrent une nouvelle manière de communiquer, d'échanger et de collaborer à distance tout en conservant les mêmes outils que dans les locaux de l'établissement.

Quel pourrait être la résultante de toutes ces pratiques déjà couramment utilisées sur la morphologie urbaines?

Les différentes pratiques précédemment énoncées sont une bonne démonstration de la capacité des réseaux numériques à faire circuler l'information. En mettant en parallèle les nouvelles pratiques dérivant des NTIC et les motifs de nos déplacements nous nous apercevons que la répartition et la hiérarchie  de la nature de nos déplacements pourraient être entièrement repensées.

Nous proposons de regrouper les motifs de nos déplacements en six flux : le travail, les affaires professionnelles, les études, les loisirs, les achats et les affaires personnelles. 
Par l’apparition de nouvelles pratiques comme le e-commerce, l’e-travail, et l'e-administration, la quantité de déplacements peut être fortement réduite. Le seul flux qui subirait le moins d'impact étant celui du loisir. On ne se déplace plus par nécessité mais par envie. 
En réduisant ainsi le nombre de nos déplacements, nous pouvons diminuer nos besoins en infrastructures et réseaux de transports.

La mutation de la forme physique de la ville ne s'opérera que par le changement de nos habitudes, car les NTIC ne peuvent avoir d'impact sur la forme d'une ville déjà existante. Cependant ils nous permettent de nous questionner sur la nature de nos relations avec les réseaux de transports et l'espace public. Ce sont des éléments à prendre en compte et qui seront susceptibles de modifier la ville de demain.


(1) - le e-commerce regroupe l'ensemble des transactions commerciales s'opérant à distance par le biais d'interfaces électroniques.
      - Le m-commerce regroupe l'ensemble des opérations commerciales via un téléphone portable 
      - le t-commerce regroupe l'ensemble des opérations commerciales via une tablette numérique.